Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
car il veut tout connaître, et moi, de bout en bout, point par point, je raconte.

Quand, voulant repartir, je demande à mon tour qu’il me remette en route, il a même obligeance à me rapatrier. Il écorche un taureau de neuf ans ; dans la peau, il coud toutes les aires des vents impétueux, car le fils de Cronos l’en a fait régisseur : à son plaisir, il les excite ou les apaise. Il me donne ce sac, dont la tresse d’argent luisante ne laissait passer aucune brise ; il s’en vient l’attacher au creux de mon navire ; puis il me fait souffler l’haleine d’un zéphyr, qui doit, gens et vaisseaux, nous porter au logis… Hélas ! avant le terme, la folie de mes gens allait encore nous perdre.

Durant neuf jours, neuf nuits, on vogue sans relâche : le dixième, au matin, apparaissent enfin les monts de la patrie ; on est déjà si près qu’on en peut voir les feux et les hommes autour. Ulysse, qui, toujours a tenu l’écoute pour serrer au plus près le vent favorable, cède une heure au sommeil. Son équipage alors se met à discuter sur cette outre et son nœud d’argent, sur les richesses qu’elle doit contenir.

Se tournant l’un vers l’autre, ils se disent entre eux :

Le Chœur. — Misère ! en voilà un que, toujours et partout, on aime et l’on respecte, en quelque ville et terre qu’il puisse bien aller ! Il ramenait déjà de