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Euryale. — Ah ! non ! je ne vois rien, mais rien en toi, notre hôte, d’un connaisseur des jeux, même en prenant tous ceux dont usent les humains !… Si jamais, sur les bancs d’un vaisseau, tu montas, ce fut pour commander des marins au commerce, noter la cargaison ou surveiller le fret et vos gains de voleurs… Mais un athlète, toi !

Le texte grec dit, mot à mot, « tenir mémoire de la cargaison ». Il est ici question de l’écriture et de l’« écrivain du bord », comme disaient nos gens des xviie et xviiie siècles. À bord de nos vaisseaux marchands ou corsaires, au temps du Grand Roi et du Bien-Aimé et jusqu’à la seconde moitié du xixe siècle, la grande majorité de nos équipages ne savaient ni lire ni écrire et ne se souciaient pas plus de l’alphabet que ne peut faire aujourd’hui un nègre du Cameroun. Mais, à côté du capitaine, l’état-major comptait un « écrivain » pour « tenir mémoire » et registre des frets, livraisons, prises, contrats, etc., de toute la vie commerciale du bord. Cet écrivain était indispensable à l’administration et au règlement de toutes les affaires particulières et communes : il ne jouissait néanmoins que de la médiocre considération dont les gens d’épée veulent bien honorer les civils ou dont, récemment encore, nos officiers de marine, gens à galons d’or, et leurs matelots entouraient leurs « commis-