Pour le fond, certains vers du chant I sont contraires à tout ce que nous savons des « réalités » odysséennes : il est visible que l’auteur ne connaissait plus rien des résidences et mœurs achéennes.
Le mot « draps de lit » revient dans les trois drames originaux, chaque fois qu’il est question du coucher des héros. Les lits de l’Achaïe féodale n’avaient rien à envier aux nôtres : dans un cadre de bois lourd, un quadrillage de courroies tenait lieu de sommier ; plusieurs épaisseurs de feutres remplaçaient nos matelas ; des draps de lin et des couvertures de laine achevaient cette couche « moelleuse », dont l’Hellade démocratique n’eut ensuite les équivalentes que pour quelques-uns de ses citoyens les plus riches.
Or, à la fin de notre chant I, Télémaque, dans le manoir paternel, se couche sans draps, comme un pauvre électeur de l’Athènes classique, et il s’endort, non dans le lin, mais dans un… (??) de laine. Il est difficile de dire ce qu’ici peut signifier au juste le mot qui se retrouve deux fois dans l’Iliade, pour désigner une corde de laine : Télémaque, enroulé pour dormir dans une corde de laine ! Le plus stupide des faussaires ou rhapsodes aurait sans doute reculé devant pareille vision, si, dans sa mémoire, n’avait chanté le vers de l’Iliade où le même