aventures de Ménélas, contées par lui dans son manoir de Sparte, sont le pendant des aventures d’Ulysse, contées par lui dans le manoir de Phéacie. Ici, peut-être, est-il permis d’entrevoir une autre différence d’époque et d’auditoire. Le Voyage avait peut-être d’autres charmes que les Récits pour l’assistance à laquelle son auteur le destinait et, du coup, devenait pour l’auteur lui-même une source de succès et de profits plus assurés.
Le roi et la dynastie d’Ithaque, qui avaient eu la première place dans la renommée achéenne, conservèrent sans doute, grâce à la geste d’Ulysse, une popularité panhellénique, même quand se fut effondré, avec l’Achaïe de l’épos, le royaume fédéral des Iles, quand Doulichion, Samé, Zante la forestière, aussi bien qu’Ithaque elle-même, furent passées à l’arrière-plan de l’Hellade classique. Mais les vrais héros du Voyage sont moins Télémaque et son père que le fils de Nélée, Nestor, et son fils, Pisistrate. Ces Néléides tiennent en ces vers la place la plus enviable : est-il famille plus sage, plus juste, plus pieuse, plus unie, plus heureuse, plus digne de l’estime et de l’affection publiques, par la vaillance de ses hommes et la vertu de ses femmes ?
Seul de tous les rois de l’épos, Nestor n’est en butte ni à la colère des dieux, comme Ajax