il ne fut multiplié que par la popularité de nos orphéons démocratiques.
Dans les sociétés monarchiques de l’Achaïe européenne[1], puis dans les aristocratiques cités de l’Asie ionienne, éolienne et dorienne, les compositeurs d’épos, qui pouvaient user de l’alphabet, les copistes, qui pouvaient en diffuser les manuscrits, et les lecteurs, qui pouvaient en jouir, restèrent durant des siècles une sorte de confrérie savante, privilégiée, une caste héréditaire. Les démocraties ont, seules, éprouvé le besoin de donner à tout leur peuple la lecture et l’écriture, instruments de liberté intellectuelle, d’égalité sociale et économique, de progrès et de contrôle civiques : ce n’est pas, sans doute, avant l’Athènes de Périclès que la Grèce connut une cité « lettrée » presque tout entière.
Les Poésies homériques, dans leur texte actuel, ne contiennent que deux allusions à l’écriture : l’une au chant VI de l’Iliade (vers 168) ; l’autre au chant VIII de l’Odyssée (vers 263).
- ↑ Sur ce sujet, je suis obligé de renvoyer encore le lecteur au premier volume de cette « Résurrection d’Homère » : Au Temps des Héros, p. 240.