Nous voyons accommoder au goût du jour celles de nos pièces les plus populaires qui veulent « garder l’affiche » : il semblerait pourtant que la lettre imprimée dût les défendre contre toute entreprise des novateurs… Durant les trois premiers siècles de la Grèce (800-500 avant J.-C.), des premiers aèdes aux derniers des rhapsodes, en ces temps où les manuscrits étaient rares, où, seuls, quelques gens du métier possédaient les Poésies au complet, qui nous dira les libertés que prirent sept ou huit générations de récitants pour gagner faveur et salaire ?
Les deux chapitres XV et XVI des Mémoires d’Hector Berlioz m’ont toujours semblé d’une lecture utile à l’homérisant : est-il besoin de redire que, durant des siècles, durant plusieurs générations tout au moins, les Poésies homériques furent une musique dont quelques privilégiés seulement possédaient les « partitions » et pouvaient lire les « notes » ? Pour l’immense majorité du public, les vers écrits étaient alors ce que sont encore aujourd’hui ce qu’étaient surtout il y a un siècle les portées d’un opéra.
Berlioz, avec des transports de fureur, raconte les libertés que les éditeurs et les exécutants d’alors prenaient avec les œuvres des plus grands maîtres :