se contente de nous dire le Poète, chaque fois que la fête recommence.
S’il a négligé ces vulgarités et ces horreurs, ce n’est pas qu’il les ignorât, et son auditoire ne les connaissait que trop ; mais ses marins n’étaient pas une populace. Les rois et leurs fils, les chefs et les nobles, qui mettaient la main à la manœuvre et à l’aviron, étaient, non des « galériens », mais des volontaires : ces chevaliers de la rame vivaient, à bord, en « camarades égaux » ; le Poète leur conserve dans les manières et dans le langage la plus citadine et spirituelle courtoisie.
C’est avec un sourire qu’au chant III, Pisistrate offre à Mentor-Athéna la coupe des libations :
Étranger, prie d’abord Posidon, notre roi ! car c’est à son festin qu’ici vous arrivez. Fais les libations ! prie comme il est d’usage ! Tu donneras ensuite à ton ami la coupe pour qu’il offre à son tour de ce doux vin de miel ; il doit prier aussi les Immortels, je pense : tout homme n’a-t-il pas même besoin des dieux ?
Pareil sourire au chant XVI, quand Télémaque et son père trament la vengeance contre les prétendants, dont le nombre et la vigueur