depuis trois siècles et demi, se sont parés : tels, les monts sourcilleux ?
« Sourcil, poil en forme d’arc au-dessus de l’œil », dit Littré : un mont sourcilleux, un roc sourcilleux sont-ils donc un panache d’arbres, de broussailles ou de forêts ?… Le même Littré nous dit : « sourcilleux : fig. et poétiquement, haut, élevé, comme est le sourcil dans le corps humain », et il cite les vers de Voltaire
. . . . . . . . Leur insensible pente
Vous conduit par degrés à ces monts sourcilleux
Qui pressent les Enfers et qui fendent les cieux.
Mais, au temps de Voltaire, cet adjectif était usé déjà par des siècles de circulation fiduciaire : dès le xvie siècle, Garnier connaissait « ces grands monts sourcilleux, commençant à jaunir sous le char de ce dieu qu’ils regardent venir ». D’autre part, Littré nous dit qu’un homme « sourcilleux » est celui « à qui les sourcils froncés donnent l’air hautain ou sévère » : un roc sourcilleux est-il une cime « altière » ?
Qui dira donc à nos lointains successeurs, — aux linguistes et philologues de Melbourne, de Boston et de Tokio, qui éditeront dans deux mille ans nos tragédies françaises, — ce que signifie ce mot avec « exactitude et vérité » ?
Encore pourront-ils en entrevoir les origines lointaines s’ils se souviennent que, lecteurs