idée simple ; un seul terme français peut et doit rendre cette couple. Je n’en donnerai qu’un exemple : le navire que l’épos appelle un « prompt vaisseau », nèus thoè, est dans les flottes du temps l’unité de combat ou de transport, destinée aux opérations rapides, — aux croisières, disaient déjà nos marins des xviie et xviiie siècles ; — nos gens du xvie siècle auraient rendu cette couple de mots homériques par une couple de mots français, « galère subtile » :
Subtile, dit A. Jal en son Glossaire nautique : appliqué à un navire, cet adjectif signifiait, « étroit relativement à sa longueur » ; parmi les galères, les plus étroites, surtout à la poupe, prenaient le nom de galères subtiles, par opposition aux galères bâtardes, dont la poupe était plus largement assise sur l’eau : « Il me semble être grandement duysible à Vostre très-haulte Majesté (Henri II) avoir et tenir en ceste mer le nombre de vingt-quatre galères subtiles ».
Il ne m’a paru « ni peu ni prou duysible » au public du xxe siècle d’avoir des galères subtiles dans sa flotte homérique : galère subtile eût été pour nos oreilles un archaïsme que le mot épique n’était pas pour les oreilles achéennes ou ioniennes ; dans la France du xxe siècle, c’est par un substantif unique, par le seul mot de croiseur, qu’il convient de traduire cette couple.