familièrement, en vieillard plein d’affection et de sagesse, et non pas en avocat.
Nestor. — Ami, puisque tu viens d’évoquer cette affaire, on dit que les nombreux prétendants de ta mère usurpent ton manoir et conspirent ta perte ; c’est de plein gré, dis-moi, que tu portes le joug ? ou dans ton peuple, as-tu la haine d’un parti, qui suit la voix d’un dieu ?… pour punir leurs excès, qui sait le jour qu’enfin, ton père rentrera, seul ou par le secours de tous les Achéens ?… Si la Vierge aux yeux pers te pouvait donc aimer comme elle aimait Ulysse et veillait sur sa gloire, au pays des Troyens, aux temps de nos épreuves, à nous, gens d’Achaïe !… Non ! jamais je ne vis aux côtés d’un mortel veiller l’amour des dieux autant qu’à ses côtés, la visible assistance de Pallas Athéna !… Ah ! si, d’un pareil cœur, elle prenait ta cause, combien parmi ces gens quitteraient la poursuite !
Télémaque, malgré son caractère réfléchi et son esprit posé, qu’a précocement mûri le chagrin, éclate en protestations trop promptes :
Télémaque. — Vieillard, je ne crois pas que ton vœu s’accomplisse : quels grands mots tu dis-là ! j’en ai comme un vertige ! Oh ! non ! pareil bonheur passerait mon espoir, quand les dieux le voudraient.
La sage Athéna, sous les traits de Mentor, rappelle son jeune ami aux paroles de modération et de mesure :