ses douze syllabes propres, non comptée la muette des rimes féminines.
Notre alexandrin du xxe siècle est tout autre : enjambant sur la rime pour s’annexer dans les vers suivants tout ce qu’il lui plaît, il varie, en vérité, de douze à dix-huit, à vingt-quatre, à trente et trente-six syllabes :
L’homme a vu le vieux comte ; il rapporte une épée || et du vin, de ce vin qu’aimait le grand Pompée || et que Tournon récolte au flanc de son vieux mont. ||
L’épée est cette illustre et fière Closamont, || que d’autres quelquefois appellent Haute Claire || ...
L’homme a fui.
Les héros achèvent sans colère || ce qu’ils disaient.
Le ciel rayonne au-dessus d’eux. ||
Olivier verse à boire à Roland, puis tous deux || marchent droit l’un vers l’autre et le duel recommence.
Que l’on supprime la rime qui jalonne de douze en douze syllabes cette « diction alexandrine », et l’on aura le modèle de prose que, suivant le conseil d’Egger, on peut concevoir pour obtenir en français un rhythme analogue à celui du texte homérique[1]. Début de l’Odyssée :
- ↑ Certains historiens des mètres antiques pensent que l’hexamètre grec fut la somme de deux tripodies. J’ai toujours compté l’alexandrin comme un double vers de six pieds, admettant la muette en surnombre à la fin du premier aussi bien que du second hémistiche.