tion épique les goûts, plaisirs et commodités de l’auditoire : avant tout, l’oreille de ce public devait être prise par le jeu des sons et des mots ; puis son esprit voulait comprendre à première rencontre, sans la moindre peine ; son urbanité, — les Hellènes disaient « astéisme » (astu, ville), — sans être toujours très délicate, ne réclamait ni violences ni grossièretés ; enfin, son ironie ou sa subtilité l’inclinant au sourire ; son sens de la mesure et de la réalité répugnait à toute exagération. La réunion de ces qualités, au dire des anciens Commentateurs, faisait le ton et le style vraiment homériques : ceux-là seuls ne les goûtaient pas ou en supportaient l’absence, qui ne pensaient pas homériquement.
Pour étudier avec méthode ces diverses qualités, on les groupait volontiers sous trois rubriques : sonorité, clarté, urbanité. Au gré des Commentateurs anciens, c’est dans les trois vers odysséens 431-433 du chant XVI que l’on pouvait rencontrer l’assemblage parfait de ces qualités.
On admirait, avant tout, dans les Poésies, la musicale adaptation du langage aux nécessités de la récitation et aux jouissances de l’ouïe, le « beau parler », euphonie, calliphonie, l’harmonie et l’habile mélange non seulement des sons, mais des lettres même. Pour les Hellènes, l’art était une source de jouissances sen-