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de Pharaon appelaient non pas le cheval, mais le cochon du fleuve et qui, assurément, mérite beaucoup mieux ce nom. Mais cette « truie », Tririt, était plus familièrement appelée « la grosse », Taourt, que les Grecs ptolémaïques transcrivirent en Thueris. Elle était la compagne de la déesse des morts : aussi figure-t-elle debout, avec une tête de femme parfois, sur une quantité innombrable de peintures murales, de papyri, d’amulettes, de grands et petits monuments égyptiens. Elle était en outre la déesse de l’accouchement. L’hippopotame n’a jamais paru dans la Grèce antique que sur nombre de monuments minoens, qui sont tous de fabrication égyptienne ; sa présence semble à tous les archéologues l’un des signes indiscutables de l’influence égyptienne en cette Crète préhellénique, dont les cultes se transmirent aux Crétois hellénisés ; la déesse de l’accouchement, Ilithyie, resta l’une des reines de ce panthéon.

Au total, peut-on nier que le poète odysséen ait emprunté son épisode de Protée aux contes et romans de l’Égypte pharaonique ? Mais cet emprunt fut-il direct, de texte égyptien à texte grec ? les écrivains de l’Ionie étaient-ils capables de lire les signes et de traduire la langue des hiéroglyphes de l’Égypte aussi bien que les caractères et la langue de l’alphabet