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grand hiver, toujours sans pluie, on ne sent que zéphyrs, dont les risées sifflantes montent de l’Océan pour rafraîchir les hommes.

Assurément, voilà un beau destin, et bien des hommes peuvent souhaiter d’atteindre une telle vie de bonheur après la mort. Pourtant ce paradis de tranquillité, de fraîcheur et de vie facile est-il vraiment celui que l’on rêverait pour cette horde de guerriers et de pirates que sont les « fils d’Achéens » ? quelle monotonie dans la tranquillité ! pas la moindre croisière, pas le moindre combat, pas la moindre tuerie, pas même les luttes sportives ni les jeux de force et d’adresse !

Et quel singulier paradis de silence et de paix pour ces bavards, ces orateurs de place publique, ces grands discuteurs, ces éternels politiciens ! pas le moindre discours ! pas le moindre dialogue ! pas le moindre échange de railleries ou d’injures ! rien que le souffle des zéphyrs !

Deux vents se partagent la domination de l’Égypte : le vent du Nord-Ouest, qui vient de la fraîche Méditerranée, et le vent du Sud-Ouest, le terrible khamsin, qui vient du désert torride. Le vent du Nord-Ouest, — le zéphyr des Grecs, — ramène la vie après la pesanteur mortelle du khamsin : c’est le vent béni ;