Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

égyptien où l’un des personnages, Baïti, dit à son frère : « Je vais devenir grand taureau. Assieds-toi sur mon dos quand le soleil se lèvera ». Ils s’en vont ainsi chez Prouti-Pharaon, qui fait tuer le taureau. Alors Baïti devient un arbre et même deux grands arbres, que l’on admirait dans la terre entière, et l’on alla dire à Prouti : « Deux grands arbres ont poussé en grand miracle », — cf. le vers odysséen « Il se fait eau courante et grand arbre à panache ». — Prouti ordonne de couper les deux arbres. Alors Baïti, sous forme de copeau saute dans la bouche de la favorite, descend dans le ventre, y redevient petit enfant, reparaît au jour et, déclaré prince royal, prend à son tour le rang de Prouti.

Un autre conte mentionne une métamorphose en feu et, si Proteus se change en panthère, c’est peut-être que l’une des métaphores habituelles pour dépeindre la colère des Prouti-Pharaon est : « Il entra en fureur comme un guépard du midi ».

Dans tous les contes pharaoniques, la préoccupation de la mort et de la vie au-delà tient la même place importante que dans l’existence et l’histoire égyptiennes. Il n’en est presque pas un sans une allusion, souvent très longue, aux cérémonies funéraires et au grand voyage vers les mystères du Couchant. Un naufragé