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est l’histoire de deux princes sorciers. Fils de Prouti, futurs Proutis eux-mêmes, ils recherchent et retrouvent le livre magique de Thot, qui « met les hommes qui le connaissent immédiatement au-dessous des dieux : si tu en récites les formules, tu charmeras le ciel, la terre, le monde de la nuit, les montagnes et les eaux ; tu connaîtras les oiseaux et les reptiles, tous tant qu’ils sont ; tu verras les poissons de l’abîme, car une force divine les fera monter à la surface de l’eau »… Le Proteus odysséen « connaît les abîmes de la mer tout entière » et fait monter les phoques de l’abîme écumant.

Après toutes ses métamorphoses, notre Proteus odysséen finit par reprendre sa forme ordinaire qui est celle d’un grand vieillard, ainsi qu’il convient à un homme de science, de poids et de dignité. Mais ce Vieux de la Mer n’a pas l’auguste chevelure blanche et la barbe argentée du Père éternel, que notre populaire imaginerait aujourd’hui. Il porte une noire perruque hérissée par le Zéphyr, comme il convient à Proteus l’Égyptien. Car le Prouti réel ne sort jamais sans une perruque bleue ou noire. Il avait adopté cette sorte de couvre-chef contre le soleil et la vermine. Ses sujets portaient leur chevelure nattée, bouclée, huilée, feutrée de graisse contre les insectes et qui for-