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qui devait recouvrer la vue quand il rencontrerait une femme n’ayant jamais connu que son mari, et prédécesseur de ce Rhampsinit l’opulent, qui fut si prestement volé par les fils de son architecte.

On sait comment Hérodote, trompé sans doute par les guides et interprètes, qui montraient l’Égypte aux étrangers, faisait figurer dans l’histoire authentique ces personnages des contes populaires :

On pouvait se demander autrefois, — dit G. Maspero, — si les guides avaient tiré ces fables de leur propre fonds. Mais la découverte des romans égyptiens a prouvé qu’ils se sont bornés à répéter les contes qui avaient cours dans le peuple. La tâche leur était d’autant plus facile que, dans la plupart de ces romans, on avait un mélange de noms authentiques, Minis, Khéops, Khéfren, Mykérinos, de prénoms royaux, Miris, de sobriquets populaires, Sésousri, Sésostris, de mots formés d’éléments contradictoires (Rhampsinit est le nom thébain Ramsès et le titre saïte Si-nit, fils de Nit), enfin de titres, Phero, Prouti

Le Proteus d’Homère n’est pas plus une invention grecque que le Rhampsinit d’Hérodote : tous deux sont le Pharaon ou, si l’on veut, le Khalife de l’une des vieilles Mille et Une Nuits égyptiennes.

L’une de ces Mille et Une Nuits, transcrites sur les papyri du xiiie siècle avant notre ère,