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C’étaient de préférence des aventures merveilleuses de bêtes parlantes, de dieux déguisés, de revenants, de magie… Le héros se meut au milieu de ces incidents, sans paraître les considérer comme étranges, et de fait ils n’avaient rien qui heurtât les probabilités de la vie courante. On connaissait dans chaque ville des sorciers qui savaient se transfigurer en bêtes ou ressusciter les morts.

Apparitions de dieux et de monstres, opérations de magiciens, hommes et femmes métamorphosés, prédictions réalisées, etc. n’étaient qu’incidents quotidiens dans la vie de l’Égypte pharaonique : tout le monde n’avait pas vu les prodiges que la sorcellerie opérait en cette terre des miracles ; mais tout le monde connaissait quelqu’un qui les avait vus, qui en avait profité ou souffert. La magie était le dernier terme de la science et de la religion. Le grand prêtre était le sorcier suprême qui faisait sur les dieux ce que ses petits confrères faisaient sur les bêtes ou les hommes : il obligeait les maîtres du ciel, de la terre et des Enfers à le servir, lui et ses clients, dans ce monde ou dans l’autre ; « porteur du livre » magique, il pouvait opérer toutes les merveilles qu’on réclamait de lui, rattacher au tronc une tête fraîchement tranchée, couper et ouvrir les eaux du fleuve ou de la mer, fabriquer un crocodile qui dévorait les adversaires et les ennemis. Pharaon avait