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depuis l’année 404 avant notre ère, on leur a supprimé une lettre, le digamma tombé alors en oubli.

Après une longue vie consacrée aux plus minutieuses recherches de la philologie la plus érudite, Michel Bréal confiait au public les doutes, les inquiétudes que faisaient naître en lui la simple lecture et l’étude littéraire du texte homérique, en dépit des dogmes et des affirmations les plus impératives de la science allemande. Il se convertissait tardivement, mais ostensiblement, aux idées nouvelles en son petit livre Pour mieux connaître Homère (Paris, 1904) :

Pour expliquer cette merveille du genre narratif, ce n’est pas assez de supposer un rare génie poétique : on est obligé, en outre, d’admettre l’existence d’une forme depuis longtemps assouplie. Il faut, à la fois, le poète et la tradition. Au poète, sont dus la grandeur du cadre, la vérité des caractères, l’intérêt de l’action, l’harmonie de l’ensemble ; à la tradition, sont dus la mesure des vers, l’abondance du vocabulaire, la richesse des formes grammaticales, l’habitude des formules pour tous les actes de la vie, l’usage des épithètes invariables et des périphrases consacrées. Sans la tradition, une œuvre de cette envergure ne peut se concevoir…