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— style et ton, fond et forme, mais surtout langue et prosodie.

Leur langue est d’un auteur, d’un homme de métier, d’un écrivain qui a eu nombre de devanciers habiles et qui a profité de leur héritage et de leurs exemples. Durant des générations, ils ont préparé et perfectionné pour lui cet instrument de précision et de beauté : abondance, richesse, souplesse, ampleur, harmonie, capacité de tout décrire, tout expliquer et tout faire entendre, clarté lumineuse et sereine, aisance tour à tour pompeuse et familière, quel travail séculaire il fallut à de patients ouvriers, même dans ce peuple de génie, pour achever le chef-d’œuvre de cette langue que les autres parlers des hommes n’ont jamais pu égaler !

Et que dire de la perfection régulière, ininterrompue, constante des 15693 vers de l’Iliade et des 12110 vers de l’Odyssée ?

Le moindre connaisseur de métrique grecque en mesure la surprenante rectitude, unie à la plus complète aisance, même sous les dommages que, de-ci de-là, leur ont causés l’ignorance des scribes et les corrections ineptes des éditeurs anciens : pour apprécier ces vers mieux encore, il faut leur rendre leur orthographe première en « vieille écriture » ; il en est parmi eux qui semblent faux ou infirmes parce que,