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peut-être après les premiers essais de cette écriture nouvelle, c’est se demander, je crois, si, deux siècles après Gutenberg, Corneille et Racine ont imprimé leurs pièces. Du coup, s’évanouissent toutes les affirmations ou négations de la haute, moyenne et basse critique touchant la Bible aussi bien qu’Homère : il faut reprendre à pied d’œuvre l’étude complète, — littérale et littéraire, — des Poésies aussi bien que du Livre et, comme en beaucoup d’autres chapitres de la recherche et de la connaissance, tourner résolument le dos aux théories du xixe siècle.

Elles avaient pour pierre d’angle les fictions ossianiques et la tromperie de Macpherson retrouvant sur les lèvres du peuple d’Écosse et transcrivant, après des siècles et des siècles de transmission orale, la sombre épopée du vieux barde. Diderot, sitôt révélée la merveilleuse découverte, écrivait par la plume de Suard (1761) :

La grande poésie, telle que la concevaient les Anciens, appartient plus aux peuples encore barbares qu’aux peuples plus instruits et civilisés. Des hommes sauvages, dont l’âme, pour ainsi dire, tout au dehors n’est ébranlée que par des objets physiques et dont l’imagination est toujours frappée des grands tableaux de la nature ; des hommes dont les passions ne sont tempérées ni par l’éducation ni par les lois et doivent