Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

caractères alphabétiques ; on s’empressa donc d’y voir l’œuvre d’un faussaire et les conservateurs de nos musées refusèrent de l’acquérir. Mais quinze ans après (8 janvier 1925), ils en reconnaissaient l’authenticité et tiraient de l’ombre cette statue qu’un roi de la phénicienne Byblos, Élibaal, avait érigée dans le sanctuaire de la grande déesse de Byblos, Baalat-Gebal… C’est qu’une année auparavant (décembre 1923), M. P. Montet, le fouilleur de Byblos, avait trouvé une inscription alphabétique dans le tombeau que le roi Itobaal avait fait pour son père le roi Ahiram, vassal de Rhamsès II (1300-1234) ; cette inscription pouvait être datée, par une concordance égyptienne, à l’année précise 1245-1244 avant notre ère.

Une trouvaille toute récente semble prouver qu’il faudrait reporter l’invention et les premiers usages de cet alphabet deux ou trois siècles plus haut, jusqu’au xve, peut-être jusqu’au xvie siècle avant notre ère : c’est la date que les Anciens nous donnent pour l’arrivée en Grèce de Cadmos et de cette écriture.

Restons-en seulement à l’an 1250 avant notre ère.

Désormais, se demander si l’Ionie homérique a su lire et écrire quatre siècles après le temps où l’alphabet avait atteint sa perfection dans les villes de Phénicie, six ou sept siècles