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l’an mille ou onze cents avant notre ère, cent ou deux cents ans pour le moins avant Saül, il fallait en dater la première invention en pays phénicien.

Comment alors s’en tenir à l’affirmation toute gratuite des Wolfiens ? L’antiquité presque unanime attribuait à Cadmos l’introduction de l’alphabet en Grèce et plaçait la venue de Cadmos au début du xve siècle : six et sept cents ans plus tard, les cités d’Ionie et leurs aèdes auraient ignoré l’écriture ! Dès le xe siècle, les Hébreux avaient en Salomon le plus grand de leurs poètes, de leurs savants et de leurs sages, le plus méthodique, le plus bureaucratique de leurs rois et traitants, — et les Hellènes un siècle plus tard n’auraient pas eu en Homère leur premier écrivain et, chez les commerçants d’Ionie, leurs premiers comptables !…

Mais aussi bien en matière de Bible qu’au sujet d’Homère, la force du préjugé « critique » était alors si grande que l’on ne tira pas de la découverte de Clermont-Ganneau les conséquences les plus directes, les plus certaines qui en auraient dû découler. L’Égypte, d’ailleurs, fournissait bientôt une autre nouveauté troublante : les fouilleurs de Tell-el-Amarna trouvaient, dans les ruines d’un palais pharaonique, les archives des deux Aménophis III et IV (1411-1360) et les correspondances et