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scientifique et littéraire de toute la race blanche, puis de toute l’humanité civilisée.

Les scribes et graveurs de Mésa, vassal d’Achab, se servaient donc, voici deux mille huit cents ans, de ce même système d’écriture que nos protes d’imprimerie : des lettres de la stèle aux lettres de nos journaux, on peut établir la filiation continue. Est-il improbable ou seulement douteux que la femme d’Achab, la fille du tyrien Itobaal, « roi des Sidoniens », Jézabel, ait écrit de même façon les messages qu’elle envoyait au nom de son royal mari ?… Elle était, ou peu s’en faut, la contemporaine de cet Hésiode qui, dans une ville de la Béotie, terre de Cadmos, allait composer les Œuvres et Jours, et de cet Homère d’Ionie, dont on place l’existence au milieu même du ixe siècle…

Sitôt découverte la stèle de Mésa, une question et sa réponse auraient dû s’imposer aux homérisants : si les pasteurs de Moab savaient lire et écrire ou avaient des scribes, au temps où leur suzerain prenait pour femme une Sidonienne, était-il vraisemblable qu’il n’en eût pas été de même chez les rois des Iles qui prenaient pour leurs fils des nurses sidoniennes et chez qui les Sidoniens venaient, depuis des