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Salomon, sa division enfin entre les deux royaumes de Juda et d’Israël.

Jusqu’au xie siècle avant notre ère, les petites cités et tribus hébraïques vivaient à l’écart les unes des autres, dans les rivalités, l’anarchie et les guerres intestines, chacune ayant un chef élu ou accepté, un « juge », suffète (c’est le nom que Carthage aussi donnait à ses magistrats), dont l’autorité s’étendait aussi loin, mais pas plus loin que pouvaient atteindre sa puissance militaire ou religieuse et sa renommée d’équité, de piété ou de bravoure : en cas de danger seulement, l’un de ces suffètes locaux arrivait à grouper tout ou partie de la race contre l’ennemi du dehors ou contre les brigands de l’intérieur.

Au xie siècle, Saül, le premier, parvient à constituer une sorte d’État fédéral, une royauté ou plutôt une « tyrannie », à laquelle l’onction sacrée donne une légitimité provisoire. David (1010-970) et son fils Salomon (970-933) consolident cette unité religieuse et cette tyrannie militaire, qui restent néanmoins précaires et fragiles, toujours fissurées d’hérésies et de schismes et qui, toutes traversées de résistances et de révoltes, ne survivent guère à Salomon : son fils Roboam ne garde autour de sa capitale de Jérusalem que le petit royaume de Juda ; la majeure partie des tribus obéit désormais au