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ses disciples et récitants, aèdes et rhapsodes, n’avaient su lire et écrire : les Hellènes, ignorants de tout autre système graphique, n’avaient reçu ou n’avaient inventé l’alphabet qu’au temps de la Ire Olympiade ou quelques années auparavant ; la date de 800 avant notre ère était assez communément admise pour l’apparition crépusculaire en Grèce des premiers écrits ; encore avaient-ils été réservés, durant plusieurs générations, à de simples textes chronologiques ou à de courtes formules de morale et de jurisprudence ; ce n’est qu’au vie siècle avant notre ère, que le tyran d’Athènes, Pisistrate, ou ses fils, — disait-on volontiers, — avaient été les premiers compilateurs des deux Poésies, dont la seule mémoire des récitants avait, vaille que vaille, conservé le texte trois siècles durant.

L’école « historique », qui inscrivait cet article de foi en tête de son Credo, avait, après quatre-vingts ans de luttes (1790-1870), si fermement établi son règne que les homérisants ne prirent pas garde à une découverte qui aurait dû balayer tous les songes de ce wolfianisme international unifié : en 1873, Clermont-Ganneau rapportait au Louvre la première en date des inscriptions alphabétiques, dont on eût connaissance. La provenance en était certaine ; la date en était facile à établir ; la pierre dure, qui la portait,