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Les rois des Iles ont alors des nurses et des brodeuses phéniciennes : ce sont les Anglaises du temps… Les gens du navire sont campés à la plage de Syros, non loin de la source : le roi et son peuple occupent la ville haute qui se dresse sur la colline voisine. La nurse d’Eumée prend l’un de ses compatriotes pour amant :

Un jour donc, au lavoir, elle s’abandonna sous le flanc du vaisseau… Ah ! le lit et l’amour, voilà qui pervertit les pauvres cœurs de femmes, même des plus honnêtes !.. Il lui demande, après, son nom et sa patrie. Elle indique aussitôt le haut toit de mon père :

La Sidonienne. — Mais je suis de Sidon, le grand marché du bronze ; du très riche Arybas, j’ai l’honneur d’être fille ; quand je rentrais des champs, des pirates m’ont prise et vendue en ces lieux.

Le Phénicien. — Tu ne reviendrais pas avec nous, au pays, revoir tes père et mère en leur haute maison ?… Car ils vivent encore ; on les dit toujours riches.

La Sidonienne. — Cela pourrait aller, si tous les gens du bord me prêtaient le serment que vous me remettrez, saine et sauve, au logis.

Équipage et capitaine, tous lui prêtent le serment demandé :

La Sidonienne. — Gardez-moi le secret ! hâtez le chargement et, quand votre vaisseau aura son plein de vivres, vite ! envoyez quelqu’un m’avertir au manoir ! J’apporterai tout l’or que j’aurai sous la main et je voudrais encor, pour payer mon passage,