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ou Phéniciens, les Sémites ont toujours nommé kerkur ou kerkour leurs vaisseaux et leurs chameaux de course. Au temps de l’Odyssée, déjà la Phéacie était l’île du Bateau de course : Kerkoura, disaient les marins d’alors ; elle est restée durant toute l’antiquité Corcyre. Mais elle n’était pas encore hellénisée ; le domaine achéen s’arrêtait au détroit d’Ithaque, à cent cinquante kilomètres dans l’Est ; la Phéacie était la première des îles occidentales où n’avaient pas encore pénétré les « fils des Achéens » ; les Phéaciens, qui l’occupaient, étaient venus de ce Couchant mystérieux. Les colons corinthiens, qui furent les premiers des Hellènes à s’établir en cette terre barbare, n’y apparurent que cent ans plus tard, pour le moins. Il faut donc reporter à la période préhellénique et aux « thalassocrates » antérieurs le nom sémitique de Kerkyra, comme les noms sémitiques de Paxos et de Samos que les Hellènes trouvèrent pareillement en d’autres îles ioniennes : l’une d’elles fit partie du royaume d’Ulysse sous le nom de Samos (la Hauteur), que les Hellènes traduisirent plus tard en Képhallénie (la Tête) ; le Poète dit encore Samos.

Il en avait été de même sur tous les rivages continentaux ou insulaires d’Europe et d’Asie-Mineure où les Achéens installèrent soit leurs principautés primitives, soit leurs colonies sub-