de leur langue et préféré un nom étranger. Les Phéniciens avaient régné sur ces eaux des Pélasges avant les Hellènes achéens ; l’histoire postérieure à l’occupation achéenne n’y mentionne plus leur souveraineté… L’Odyssée fournit sur ce point l’indice décisif.
Il est une des sept îles Ioniennes qui, perdant tout à la fois son appellation ancienne et son plus vieux nom sémitique, s’appelle aujourd’hui Corfou, à cause du rocher à la « double cime » (Koryphous), sur lequel les Vénitiens installèrent leur citadelle ; c’est donc la « thalassocratie » vénitienne qui imposa à cette terre grecque son nouveau nom. Mais Corfou n’en est pas moins un nom grec, emprunté à la langue des propriétaires de l’île, qui subsistaient sous la sujétion de Venise. Durant l’antiquité, cette île déjà grecque gardait pourtant son nom primitif de Kerkyra, Korkyra, « Corcyre », qui n’avait aucun sens intelligible pour les Hellènes : nous ne le comprendrions pas davantage, si l’Odyssée ne racontait pas comment, au bord de cette terre des Phéaciens, le dieu des mers pétrifia le « vaisseau rapide », qui avait reporté Ulysse en Ithaque ; les marins d’aujourd’hui connaissent encore ce vaisseau de pierre ; ils saluent du nom grec de Karavi, « le Bateau », cette roche insulaire, qui ressemble de tous points à un navire à la voile. Arabes, Hébreux