Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avaient conservée durant deux ou trois cents ans peut-être ; jusqu’au troisième quart du xiiie siècle (1225 avant J.-C.), l’Archipel et la mer Ionienne, — toutes les « Iles de la Très-Verte », — avaient été pour eux comme une chasse réservée ; ils y avaient eu un nombre infini de relâches volantes, mais habituelles, de stations temporaires pour la piraterie, de comptoirs fixes pour le commerce, de colonies même pour la pêche et l’industrie de la pourpre, car les Hellènes se souvenaient que non seulement Cadmos et sa sœur Europe avaient fait souche de dynasties royales en Crète et en Béotie, mais que des familles ou des communautés phéniciennes avaient colonisé certains ports de Rhodes, de Théra (Santorin) et de Cythère (Cérigo) ; elles y avaient fondé leurs temples, installé leurs cultes et leurs dieux : Aphrodite la Cythérée était l’une des déesses de Syrie que la mer écumante avait jadis apportées au rivage de l’île péloponnésienne.

La plupart des autres îles grecques ont conservé jusqu’à nous le souvenir indélébile de cette époque, dans les noms qu’elles portent encore aujourd’hui.

Ces noms, en effet, que les Hellènes se transmettent depuis trente siècles, Délos, Syros, Casos, Paxos, Thasos, Samos, etc., ne veulent rien dire en grec ; mais ils étaient accompagnés,