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Lorsque s’ouvrit le cours de la huitième année, je vis venir à moi l’un de ces Phéniciens qui savent en conter : sa fourbe avait déjà causé bien des malheurs Il m’enjôle pour m’emmener en Phénicie où, de fait, il avait sa maison et ses biens. Là, j’habite chez lui le restant de l’année. Mais lorsque les journées et les mois ont passé, quand, au bout de l’année, le printemps nous revient, il m’emmène en Libye sur un vaisseau du large : il m’en avait conté pour m’avoir à son bord avec ma cargaison ; là-bas, il espérait me vendre le bon prix ; en m’embarquant, je m’en doutais ; mais comment faire ? Notre vaisseau filait : un bel et plein Borée l’avait poussé déjà au-dessus de la Crète, quand le fils de Cronos décide notre perte…

La Phénicie et son port de Sidon sont l’entrée de l’Égypte : on monte alors de Sidon à Thèbes, comme nos Levantins « montent » aujourd’hui de Marseille à Paris. La marine phénicienne sert encore d’intermédiaire entre l’empire de Pharaon et les « Iles de la Très Verte » ; mais elle a déplacé le champ principal de son exploitation.

Il semble, en effet, que, dans les eaux de l’Archipel, elle ait quelque peu cédé la place : les « fils d’Achéens », chevaliers du char sur terre, sont aussi devenus les dompteurs des coursiers de la mer, les chevaliers de la rame. Les gens de Tyr et de Sidon ont dû chercher d’autres marchés d’échange pour eux et de