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XXe dynastie (1200-1100 avant J.-C.), à Thèbes même, une bonne part des officiers et des fonctionnaires était faite de Syriens ou de Berbères d’acclimatation récente.

La course et ses rapts de femmes et d’enfants, la traite et ses transports lointains d’esclaves apportaient chaque année en Syrie et en Égypte des centaines d’Achéens des deux sexes, mais ne rapportaient pas en Achaïe moins de Phéniciens et de Phéniciennes, d’Égyptiennes et d’Égyptiens. Cet échange de femmes surtout opérait un brassage des races et des civilisations, dont les récits d’Eumée vont nous donner un bel exemple.

En outre, il y avait à Thèbes, à Memphis, dans toutes les grandes villes, des colonies de marchands phéniciens, amorrhéens, chananéens, — et achéens sans doute, — qui vivaient à leur guise, adoraient leurs dieux, propageaient parmi les indigènes leurs langues et leurs cultes, puis, au bout d’un long séjour, rentraient chez eux avec une petite fortune et une grande renommée. À Ithaque, le héros Aigyptios, l’Égyptien, est toujours écouté quand il se lève pour parler au peuple… Notre corsaire crétois reste sept années en Égypte :

Je restai là sept ans, amassant de grands biens : tous me faisaient des dons chez ces peuples d’Égypte.