ancienne et moderne, ont reparu aux bouches du Nil (de l’Égyptos, dit le poète odysséen), chaque fois qu’un protecteur étranger ou un solide pouvoir indigène n’était plus là pour les en écarter.
Au chant XV de l’Odyssée, Ulysse invente une histoire, dont les moindres mots pourraient être commentés soit par les inscriptions de Minephtah, soit par les récits de nos gens de Marseille, de Martigues et de Gonfaron, qui faisaient la « course » dans la Méditerranée à la franca, aux temps de nos Louis XIV et Louis XV… Ulysse se présente à Eumée comme un naufragé que la tempête a jeté sur les côtes d’Ithaque, un Crétois qui a servi sous Idoménée au siège de Troie et qui en était rentré sain et sauf :
Mais l’envie m’avait pris d’équiper des navires et d’aller en croisière, avec mes compagnons divins, dans l’Égyptos. J’équipe neuf vaisseaux, et les hommes affluent. Six jours, ces braves gens font bombance chez moi ; c’est moi qui, sans compter, fournissais les victimes, tant pour offrir aux dieux que pour servir à table. Le septième, on embarque et, des plaines de Crète, un bel et plein Borée nous emmène tout droit, comme au courant d’un fleuve : à bord, pas d’avaries ; ni maladie, ni mort ; on n’avait qu’à s’asseoir et qu’à laisser mener le vent et les pilotes. En cinq jours, nous gagnons le beau fleuve Égyptos.