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Au sommet de cette féodalité, trône, nominalement du moins, un « roi des rois », un empereur ou, plutôt, un « chef de guerre », kriegsherr, à la mode germanique, dont l’ancêtre venu de l’étranger, de l’Asie-Mineure, n’était pas, semble-t-il, de pur sang achéen, ni même de culture et de race helléniques : Agamemnon, fils d’Atrée, est le petit-fils de ce Pélops le Phrygien qu’un mariage avec une princesse achéenne avait établi en Argos, dans la seigneurie d’Élide : ses chevaux ailés et son char d’or en avaient fait la gloire et la fortune ; son renom et sa suzeraineté nominale s’étaient étendus sur toute l’« île » d’Argos, qui en devint l’« île de Pélops », le Péloponnèse des Anciens et des Modernes…

Il est probable que cette élévation de Pélops avait installé dans son Ile l’influence des modes, coutumes et inventions de son pays d’origine et de cette civilisation phrygienne, dont les inscriptions hittites d’Asie-Mineure semblent indiquer les relations avec les Achéens.

Égyptiens, Phéniciens et Hittites ont donc été les éducateurs de l’Achaïe, mais Égyptiens et Phéniciens surtout. Les héros de l’épopée conservent les relations les plus étroites avec cette Thèbes d’Égypte, « la ville où les maisons regorgent de richesses » et d’où le couple royal de Sparte a rapporté un si riche mobilier et de si beaux présents.