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du xie siècle, les Perses du ve, les Macédoniens, Épirotes, Gaulois et Romains des ive-iie siècles, et tels, après J.-C., les Vandales et Goths des ive-Ve siècles, les Slaves et Valaques des viiie-IXe, les Français du XIIIe, les Turcs des xve-xvie et les Albanais des xviie-xviiie.

Parmi ces invasions et dominations successives, c’est à la principauté et à la féodalité de l’Achaïe française (1205-1463 après J.-C.) que ressemblent le plus la Grèce et la société achéennes de l’épopée.

La tradition grecque reportait la descente des Achéens à plusieurs générations avant la guerre de Troie, laquelle aurait pris place à la fin du xiiie siècle avant notre ère. Car les héros homériques, établis au pays des Pélasges (c’est le nom que les Anciens donnaient à la population de la Grèce préhellénique), ont une généalogie déjà longue ; ce sont des « fils d’Achéens », très fiers de ce titre qu’ils revendiquent et qui semble leur conférer une noblesse de sang divin et des privilèges de classe : ces seigneurs blonds, aux longs cheveux, ces « nourrissons de Zeus », « égaux aux dieux », et leurs femmes « divines » constituent en pays conquis, sur un peuple d’esclaves ou de tenanciers, une sorte de féodalité ou de chevalerie, si l’on prend le mot cheval dans le sens que lui donne l’épopée, — non pas bête de selle et de cavalerie, mais