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chars. Les plus anciens de ces bateaux ne sont encore que barques primitives, moins semblables à des navires de haute mer qu’à des pirogues de fleuve : tels, les troncs d’arbre creusés, les « bois d’un seul arbre », monoxyla, dont les Normands de la Baltique usaient encore aux viie-xe siècles après J.-C., dans leurs descentes des fleuves russes et leurs traversées de la mer Noire vers cette Byzance, qui, pour eux, était la capitale du monde.

Mais les Achéens, au voisinage et dans la clientèle des Phéniciens, puis durant leurs propres courses et expéditions vers l’Égypte, eurent bientôt acquis la propriété et le maniement des « longs-rameurs » à cinquante-deux hommes d’équipage, des « vaisseaux rapides » qui composaient les flottes de Tyr et de Sidon et dont les monuments égyptiens, dès le xve siècle avant notre ère, nous ont gardé l’image : tous les détails de la construction et du gréement correspondent aux données du « croiseur » homérique et de cette galère à cinquante rames que les Levantins, puis les Occidentaux reçurent des Phéniciens, que la Méditerranée tout entière de l’époque classique, du Moyen-Age et des temps modernes adopta durant trois mille ans et dont les derniers exemplaires figuraient encore dans les escadres de notre Louis XV.