Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout ensemble, dont elle endormait aussitôt la douleur ou les soucis de ses convives :

Soudain, elle jeta une drogue au cratère où l’on puisait à boire : cette drogue, calmant la douleur, la colère, dissolvait tous les maux ; une dose au cratère empêchait tout le jour quiconque en avait bu de verser une larme, quand bien même il aurait perdu ses père et mère, quand, de ses propres yeux, il aurait devant lui vu tomber sous le bronze un frère, un fils aimé !… Remède ingénieux dont la fille de Zeus avait eu le cadeau de la femme de Thon, Polydamna d’Égypte : la glèbe en ce pays produit avec le blé mille simples divers ; les uns sont des poisons, les autres, des remèdes ; pays de médecins les plus savants du monde…

C’est que, pour être des nouveaux-venus dans les terres et les eaux de l’Archipel, les Achéens n’en étaient pas moins les héritiers de quinze ou vingt siècles, durant lesquels les civilisations de l’Égypte, de la Chaldée et de l’Asie-Mineure avaient exercé leur influence sur les « Iles de la Très Verte », comme il est dit dans les inscriptions pharaoniques.

Les trouvailles crétoises font remonter les rapports entre l’Égypte et ces Iles à une antiquité sans fond : dès le IVe millénaire avant notre ère, les Crétois usent des mêmes coupes et urnes en pierre dure, diorite, porphyre, etc., et des mêmes sceaux que les pharaons Snofrou et Sahuré (3100-2900) ; un vase en syénite,