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côtés et du seuil jusqu’au fond, s’adossaient les fauteuils en ligne continue ; sur eux, étaient jetés de fins voiles tissés par la main des servantes.

C’est dans le rayonnement de ce décor, sur ce fond d’or, d’émail bleu, de tissus diaphanes, de blancs linons ou d’étoffes teintes en pourpre sombre, de broderies chatoyantes, de peintures éclatantes, de métallurgies rutilantes, que le Poète voyait vivre ses héros. Les éditeurs de notre xixe siècle, pour illustrer le texte homérique et le traduire aux yeux du lecteur, reproduisaient les sévères peintures sur vases que nous a laissées la Grèce classique et leurs tristes et plates couleurs. C’est aux mobiliers, fresques, bijoux, intailles, vases, armes et poignards, aux plus somptueux ouvrages de la Grèce mycénienne que nous pouvons aujourd’hui recourir en toute confiance.

Les Atrides et leurs vassaux ou alliés étaient bien plus loin de la pauvreté rustique et de la barbarie que ne purent l’être nos Dagobert et même nos Charlemagne : Diane de Poitiers aurait encore pu envier les bijoux, la pourpre, les robes et voiles, les parfums et fards dont, tour à tour, Pâris et Ménélas payèrent durant trente ans les sourires d’Hélène. Cette même Hélène pouvait se fournir librement à Thèbes du fameux népenthès, anesthésique et stupéfiant