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chaise ouvragée qu’Alkippé recouvrit d’un doux carreau de laine, puis Phylo déposa la corbeille d’argent, un cadeau d’Alcandra, la femme de Polybe. C’était un habitant de la Thèbes d’Égypte, la ville où les maisons regorgent de richesses. Tandis qu’à Ménélas, Polybe avait donné deux baignoires d’argent et deux trépieds en or, avec dix talents d’or, Hélène avait reçu d’Alcandra, son épouse, des présents merveilleux : une quenouille d’or et, montée sur roulettes, la corbeille d’argent aux lèvres de vermeil, que venait d’apporter Phylo, la chambrière, et qu’emplissait le fil dévidé du fuseau ; dessus, était couchée la quenouille, chargée de laine purpurine.

Les trouvailles mycéniennes nous montrent la vérité ou la vraisemblance de cette description en tous ses détails : sur les ruines de Tirynthe, nous pourrions restaurer le manoir de Ménélas ou la résidence royale d’Alkinoos.

Ulysse allait entrer dans la noble demeure du roi Alkinoos ; il fit halte un instant. Que de trouble en son cœur, devant le seuil de bronze ! car, sous les hauts plafonds du fier Alkinoos, c’était comme un éclat de soleil et de lune ! Du seuil jusques au fond, deux murailles de bronze s’en allaient, déroulant leur frise d’émail bleu. Des portes d’or s’ouvraient dans l’épaisse muraille : les montants, sur le seuil de bronze, étaient d’argent ; sous le linteau d’argent, le corbeau était d’or et les deux chiens du bas, que l’art le plus adroit d’Héphaistos avait faits pour garder la maison du fier Alkinoos, étaient d’or et d’argent. Aux murs, des deux