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XXe siècle. — Période anglo-saxonne. Les universités anglaises et américaines remettent en honneur les plus orthodoxes des dogmes classiques, et les dociles universités d’Europe adoptent et exagèrent la mode d’outre-mer. En 1890, les Homeri Carmina de J. van Leeuwen et B. Mendes da Costa passaient pour le dernier produit de la science homérique : l’infaillible église des « critiques » demandait alors au catéchumène de renoncer à Homère, à son existence, à son œuvre, à la fraternité des deux Poésies et à l’unité de chacune… En 1917, l’Odyssea du même J. van Leeuwen est le code de l’« esthétique » nouvelle : Homère a existé ; il a écrit ; il a créé l’Iliade et l’Odyssée suivant des règles d’art que l’on peut retrouver, avec des recettes qu’il faut admirer dans la composition et dans le style ; tout n’est pas de Lui dans l’invention ; mais, sans Lui, rien ne serait dans la rédaction présente… Homère est ressuscité !

Le doute et même l’athéisme homérique étaient donc en 1890 les premiers devoirs de l’homérisant : la foi et l’amour sont aujourd’hui les seuls chemins, paraît-il, qui puissent nous ramener jusqu’à Lui. Deux sciences auxiliaires de l’histoire, — la philologie, par l’étude des textes, et l’archéologie, par l’étude des monuments, — ont depuis cinquante ans changé