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attribue l’épopée et que le Poète leur a pour jamais assurées dans la mémoire des hommes blancs… Ce détroit d’Ithaque voit aujourd’hui passer, en sens inverse, le petit vapeur anglais qui, de Brindisi à Port-Saïd, porte le courrier des Indes et montre à nouveau la route de l’Égypte, la route de Ménélas, aux « fils d’Achéens » d’aujourd’hui.

C’est à l’une des cours néléides d’Ionie que je reporterais aussi la naissance des Récits d’Ulysse : Circé faisait son mélange magique dans du vin de Pramnos ; c’était un cru d’Éphèse, suivant les uns, de Smyrne, suivant les autres, ou de cette île Icaria, qui, voisine de Samos, regarde Milet : c’est à Milet que se serait produit notre merveilleux mélange de nostos grec et de poème phénicien.

Hérodote nous dit que Thalès de Milet, le premier philosophe ionien, descendait d’une famille originairement phénicienne, ce qui signifie que Thalès appartenait, non pas à une famille émigrée directement de Phénicie en Asie-Mineure, mais à l’une de ces familles cadméennes qui étaient célèbres parmi les Grecs d’Asie. Le même Hérodote, en effet, nous apprend que des Cadméens, — c’est-à-