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hasard ? Faut-il croire plus simplement que cet ambre provenait de quelque collier d’or apporté par l’un de ces courtiers levantins, dont nous parle Eumée (XV 459-460), « l’un de ces fins matois qui, pour entrer chez nous, tenait un collier d’or, enfilé de gros ambres » ?

Cet ambre de la Baltique, pour atteindre les manoirs de Pylos, aurait fait le détour par Cnossos ou Sidon ; il n’aurait pas forcément emprunté la route adriatique : les flottages et portages des fleuves russes l’auraient apporté au Levant, comme, aux viiie-xiiie siècles de notre ère, ils amenaient à Byzance les convois des Varègues et comme, aux xiiie-xve siècles avant J.-C., ils avaient amené peut-être les ancêtres de nos Achéens.

Si pourtant on veut croire à cette Pylos crétoise qu’A. Evans imagine, c’est aux Minoens qu’il faut reporter l’ouverture et la première fréquentation de notre route odysséenne à travers le Péloponnèse : comme les chevaliers français et comme Télémaque, mais en sens inverse, les caravanes crétoises suivaient les vallées de l’Eurotas et de l’Alphée, pour passer des rivages orientaux de l’« Ile de Pélops », à cette rive du couchant.

Du même coup, il faudrait admettre que, dès cette époque, le détroit et les reposoirs d’Ithaque avaient l’importance et la renommée que leur