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fournissent les fragments d’Ératosthène. Pour Ératosthène, la prise de Troie est de 1180, et la colonisation ionienne de 1044.

Ces dates très précises pouvaient sembler fantaisistes quand on s’en tenait aux vieux préjugés sur l’âge récent de l’écriture. Mais nous savons aujourd’hui que les Crétois et les Mycéniens écrivaient et que, pour tenir la liste chronologique de leurs rois, prêtres ou magistrats, les villes ioniennes purent, dès leur fondation, user de notre alphabet, que les Phéniciens avaient inventé depuis quatre ou cinq siècles.

Au temps d’Homère, la Grèce d’Europe n’était plus achéenne depuis une dizaine de générations pour le moins.

La « descente » des milices doriennes avait expulsé les nobles fils d’Achéens de leurs royaumes et de leurs fiefs. Les gens du commun avaient été réduits à la servitude, au servage ou aux basses conditions de la ville et de la campagne. Les chefs des grandes familles avaient préféré l’exil. Ils s’étaient d’abord réfugiés dans les parties de leur ancien empire, où les Doriens n’avaient pas pénétré, en Attique surtout : ils y avaient vécu en sujets-citoyens, puis en rois d’Athènes. Ils avaient ensuite reçu le commandement de l’émigration bigarrée qui avait pris le chemin des rivages d’Asie-Mineure