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pas des poèmes unitaires à la façon de l’Énéide, mais une double collection de chants séparés (d’Aubignac dit « cantiques »), qui étaient destinés, chacun, à une récitation particulière.

En 1713, R. Bentley fonde la critique littérale, en rétablissant dans le texte homérique la vieille lettre digamma que les Anciens avaient supprimée, puis oubliée, mais que les premiers alphabets grecs possédaient en la même place, où l’alphabet latin conserva le F, avec la même forme et la même valeur environ.

En 1778-1779, la « question homérique » est posée par une découverte qui fait grand bruit : le Français C. d’Ansse de Villoison retrouve à la Bibliothèque de Venise un manuscrit byzantin de l’Iliade, — le fameux Venetus A, — qui porte dans ses marges les signes critiques et les notes des Alexandrins : cet Homère, — écrit-il aussitôt, — est proprement le testament homérique de toute l’antiquité, l’Homerus variorum, l’Iliade munie de toutes les variantes qu’avaient pu lire dans le texte traditionnel les éditeurs d’Alexandrie et de Pergame. Villoison en conclut, — et, durant tout le xixe siècle, cette conclusion prévaudra, — que notre texte homérique est une sorte de terrain alluvial ou sédimentaire, dans lequel se sont empilées, accumulées, mêlées des couches de toutes dates et de toutes provenances.