Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tard aux rabâcheurs de ces légendes : « Cyclopes et Lestrygons, vieux habitants, dit-on, d’un canton de cette terre ! Je n’en puis dire ni la race ni le pays d’où ils vinrent, ni celui où ils disparurent ».

Les Récits ne peuvent pas être postérieurs à l’année 736.

Mais ce n’est pas d’un bond que les Hellènes sautèrent, de leurs villes et mères-patries du Levant, à ces colonies occidentales. Avant de se fixer aux rives du détroit sicilien, ils durent employer de nombreuses années, un siècle peut-être, à explorer, étape par étape, les routes de l’Occident. Les Récits sont encore antérieurs à ces explorations : ils impliquent une mer hellénique s’arrêtant au canal d’Ithaque. Je doute, en conséquence, que notre poème ait pu être composé après 850 ou 800 av. J.-C.

Date maxima. Notre poème nous apprend que l’Hypérie des Cyclopes, la Cume « des Opiques », a déjà été fondée, puis ruinée une première fois : l’histoire de cette malheureuse ville au pays des Yeux Ronds ne fut durant les siècles historiques qu’une suite de ruines et de fondations nouvelles. La toute première de ces fondations remontait, nous disent les Anciens, à l’an 1049 avant notre ère.

Ce ne sont pas les Hellènes qui ont pu fonder au xie siècle une pareille Ville Haute sur cette