Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même langue, de même patrie et, sinon de même date, du moins de même époque, si l’on veut admettre qu’un siècle d’intervalle n’empêche pas Voltaire d’être de la même époque littéraire que Corneille et Racine.

Ces trois œuvres littéraires ont été composées par des hommes du métier, de véritables gens de lettres ; elles furent écrites, dès l’origine, dans ce même alphabet que nous avons hérité des Hellènes et dont les peuples du Levant se servaient dès les xiiie et xive siècles avant notre ère, pour le moins : les dernières fouilles de Byblos nous en ont donné des monuments antérieurs au xve siècle peut-être. Ces trois écrivains tiendraient dans l’histoire de l’épopée grecque, si nous connaissions cette histoire, la même place qu’à un siècle d’intervalle, peuvent tenir Racine, Regnard et Voltaire, dans l’histoire de notre théâtre français.

Les uns et les autres arrivaient après une longue période de devanciers, qui leur avaient créé la langue, les types, les formules et les règles d’un genre littéraire : « Des prédécesseurs d’Homère, — dit Aristote en sa Poétique, — nous ne connaissons aucun poème ; mais il est vraisemblable qu’il en dut exister, et beaucoup ». Dans son Invocation à la Muse, le Poète fait allusion aux gestes d’Ulysse antérieures à la sienne :