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ère. Les forces d’un récitant ont des limites, qui ne dépassent guère trois à quatre cents vers homériques ou français (ils sont tous deux de même taille) ; la présence et l’attention d’un auditoire ont d’autres limites plus étendues, mais non pas infinies ; on ne voit ni un aède réciter à la queue leu-leu ni un auditoire écouter d’affilée les 12.000 vers de notre Odyssée ou les 16.000 vers de notre Iliade ; toute représentation nécessite des pauses pour les acteurs et des interruptions pour le public, — donc des épisodes ou scènes et des actes ou pièces.

L’Odyssée, telle que nous la lisons aujourd’hui, est une construction artificielle et récente qui fut faite et refaite à plusieurs époques, pour recueillir, juxtaposer et, tant bien que mal, relier trois drames originaux, de date antérieure et de mains, comme de valeurs très différentes :

Le Voyage de Télémaque,
Les Récits chez Alkinoos,
La Vengeance d’Ulysse
.

On trouvera dans mon « Introduction à l’Odyssée », — en particulier dans le tome III, — toutes les raisons, qui obligent à séparer de nouveau ces trois drames indépendants, et quelques moyens de reconnaître la part, la qualité et la date de chacun.