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« Livres de Batailles », — comme dit l’Écriture, — que nous rendront les fouilles de Syrie ou de l’Irak.

Nous avons, à vrai dire, dans l’Iliade les « Livres des Batailles » d’Athéna, d’Héra, de Posidon, d’Aphrodite, analogues au Sepher Milhamot Iahveh, — comme disent les Nombres (XXI 14), — au Livre des Batailles de Jehovah, et les titres mêmes que nous ont conservés les éditeurs antiques permettent d’affirmer qu’à la Colère d’Achille, ont été joints et amalgamés des Exploits de Diomède, une Dolonie, un Catalogue des Vaisseaux, etc., qui sont assurément les ouvrages d’autres auteurs.

Ces poèmes originaux étaient destinés — non pas à la lecture solitaire, — mais à la récitation publique, aux chants et jeux scéniques d’un acteur. Ils avaient dû se conformer, lors de leur création, à certaines nécessités et à certains usages de toute représentation dramatique[1] : « En bref, on peut dire que les poèmes d’Homère ne sont rien autre chose que drames », disaient encore les homérisants gréco-romains du second siècle après notre

  1. Je voudrais exposer quelque jour au grand public l’histoire et les conditions premières de ce « drame épique » : au moment où nos jeunes contemporains cherchent à mettre au service de la littérature le film et le haut-parleur, c’est à ce modèle grec qu’ils devraient, je crois, recourir.