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il dut exister plusieurs intermédiaires, soit sémitiques, soit grecs, soit sémito-grecs.

Le Poète lui-même va nous dire par la suite qu’avant lui, d’autres aèdes achéens avaient chanté la geste de « l’Homme aux mille tours », et voici longtemps que l’étude du texte homérique a conduit nos lettrés et nos philologues à mettre les Poésies, non pas aux lointains débuts, mais au plus proche milieu, peut-être même au terme le plus récent de la période épique : combien de générations de poètes avons-nous eues en France avant nos Corneille et nos Racine !… et combien de siècles de littératures antiques avant la nôtre !

Dans l’état de nos connaissances sur les littératures phénicienne et chaldéenne, il est difficile de préciser encore quels furent ou purent être le nombre et la qualité des intermédiaires sémitiques. Quand les fouilleurs auront fait en Syrie et dans l’Irak l’admirable besogne que, depuis un siècle, ils ont poursuivie en Égypte, nos successeurs auront une vision plus nette du passage et des étapes entre cette plus vieille antiquité levantine et notre antiquité gréco-romaine. Si, dès aujourd’hui, je puis dire sans ambages toute ma pensée, je crois que l’exploration phénicienne de la Mer du Couchant donna naissance à un périple,