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fidèles : pas de retard ! à bord et voguent les navires ! J’avais peur qu’à manger de ces dattes, les autres n’oubliassent aussi la date du retour.

Le lotos, qui n’est sûrement pas la datte ressemblerait à notre figue de Barbarie que sa forme, ses couleurs chatoyantes, et son implantation sur la feuille charnue font ressembler à un bouton de fleur. Mais j’avais à rendre un calembour du Poète… Le mot lotos en ce sens n’est pas grec ; le lotos parmi les Hellènes désigne une herbe de prairie, une sorte de trèfle, dont se régalent les chevaux : « Tu peux avoir des chevaux, dit Télémaque à Ménélas, car tu règnes sur une vaste plaine où le lotos abonde ».

On a voulu reconnaître dans ce nom de fruit homérique un mot sémitique l.ou.t, dont « lotos » serait l’exacte transcription ; le lotos des Sémites est devenu pour le Poète le fruit de l’oubli (léthé en grec), comme le Léthé était le fleuve de l’oubli. Le lotos fait tout oublier à ceux qui en mangent ; de ce calembour lotos-léthé, est sortie l’aventure des marins déserteurs, qui oublient vaisseaux, devoirs et patrie et restent à manger ce fruit délicieux…

Autre exemple. Circé donne ses conseils de navigation à Ulysse :